Du STREET HEART au cœur du lycée : Y?not
La faute à la Covid d’abord. Nous devions rendre visite au Zoo Art Show mais les conditions sanitaires nous ont refermé les portes de l’exposition consacrée au Street Art, l’objet d’étude que j’ai choisi de travailler avec les étudiants de 2ème année pour l’épreuve de Culture générale à l’examen afin d’aborder le thème « A toute vitesse ! ». Nécessairement la rue oblige à graffer dans l’urgence une œuvre par définition éphémère cependant le street artiste lyonnais Tony alias Y?not est invité au lycée Doisneau pour réaliser une murale en prenant tout son temps, armé de sa bâche de protection, de ses bombes de peinture et d’un kit de buses.
C’est sur une grande toile blanche émeri –d’aucuns diraient sur un mur « trop blanc » « qui est trop triste »- au rez-de chaussée du bâtiment E face à la grande porte donnant sur la cour que Y?not a alors exprimé son talent sous les yeux des étudiants, des élèves et du personnel du lycée appréciant, en live, son travail de création in situ les lundi 1er et mercredi 3 février 2021. Ce lieu de passage offre différents points de vue à celui qui s’arrête, à celles qui ouvrent la double porte, à celle qui l’aperçoit depuis la passerelle du bâtiment B, à ceux qui sont dans la cour ou encore à celui qui se hisse sur la pointe des pieds derrière le hublot.
Le geste de l’artiste s’imprime sur le mur : la bombe est le prolongement de sa main qui prend petit à petit forme sous nos yeux ébahis par les jeux d’ombre sur la peau grainée (bienheureuse toile émeri du mur), par l’illusion de la profondeur et de la 3D, par la perfection du tracé du stylo ou encore par la sensibilité des plis du papier froissé plus vrai que nature. Les étudiants ont ainsi pu mesurer de visu le savoir-faire d’un artiste à l’œuvre qui s’explique non seulement par son talent mais encore et surtout par les heures passées à bomber. Ils ont également posé des questions à Y?not sur son parcours, sa pratique, son inspiration, ses déboires aussi. A son tour, il a laissé une page blanche aux étudiants invités à venir graffer au posca* cette fois (*gros marqueur) quelques mots en lien avec l’art et le temps.
A la manœuvre, c’est Ilham, étudiante de BTS2, qui a alors inscrit la date du 03/02/2021 et une phrase de Nicolas Boileau (écrivain du XVIIème siècle) « Un beau désordre est un effet de l’art » pour laisser une empreinte de leur passage graffée dans la murale. « Comme ça, tout le monde la verra, même quand nous aurons quitté le lycée depuis longtemps », se réjouit Amina. Et la vie scolaire de vouloir mettre de la couleur sur les quatre murs du foyer ! A suivre…